29/04/2012

Ce que les Islandaises peuvent nous enseigner


Jeudi dernier en feuilletant Libération, je me suis jetée sur la double page Grand angle. Le titre Islande, tout feu tout femmes, a éveillé immédiatement ma curiosité parce que résonnant avec d'autres découvertes que j'avais faites sur ce pays depuis un ou deux ans et d'où il ressort que les lendemains de la crise financière de 2008 ne se sont pas soldés par un désenchantement et une incapacité à réformer le système comme dans la plupart des grandes démocraties, mais par une prise de conscience et une prise de pouvoir des citoyens.





L'année dernière notamment, j'avais été frappée par une conférence donnée par une femme d'affaires islandaise qui expliquait comment elle avait sauvé son entreprise du chaos. Alors que le Point avait également consacré un article au phénomène Plus récemment dans le numéro un de Kaizen que j'évoque ici, j'ai été très intéressée par la double page consacrée à la révolution citoyenne de la petite île aux sources chaude et au volcan au nom imprononçable, dans laquelle est notamment évoquée la participation des citoyens à l'élaboration du projet de nouvelle constitution et le refus de la prise en compte de la dette aux banques.



Enfin, l'enquête réalisée par Marie-Joëlle Gros pour le compte de Libération, qui révèle qu'entre la candidature d'une journaliste enceinte de 37 ans, la présence au poste de 1er ministre d'une femme ouvertement homosexuelle et mariée à sa compagne et enfin la prochaine nomination d'une femme comme évêque, démontre que la prise de pouvoir des femmes et de valeurs progressistes et féministes n'est pas une façade. Et si on faisait toutes comme les Islandaises...

22/04/2012

To vote or not to vote


En ce matin de premier tour d'élection présidentielle, une petite réflexion sur l'utilité ou la futilité d'aller placer notre bulletin dans l'urne s'est insinué dans mon esprit. Lorsque j'ai visionné il y a quelques semaines le film de Frigyes Fogel autour des Créatifs Culturels dans le monde, je pensais à juste titre y découvrir des volées d'initiatives généreuses et constructives propres à promouvoir les valeurs des Créatifs Culturels, favoriser leur développement et leur présence dans notre quotidien à tous et créer des alternatives aux modes de vie de la société moderne.






J'y ai trouvé tout cela, mais de ce documentaire chargé d'espoir, ce n'est pas ce que j'ai retiré de plus marquant. Quelque part dans les reportages autours des entreprises ou associations éthiques, écologiques ou favorisant le développement durable et le tissage des communautés, l'un des intervenants a lancé cette réponse originale aux maux de notre temps. Il expliquait grosso modo que selon lui le changement ne passerait pas par la destruction des institutions actuelles contre lesquels beaucoup d'entre nous entretiennent une fureur justifiée, mais par le développement de systèmes alternatifs qui au fil de leur succès, finiraient par rendre les institutions actuelles obsolètes. Comme une (R)évolution silencieuse et pacifique. Et que par conséquent, il ne fallait pas attendre de nos élus qu'ils apportent à notre système les changements en profondeur que nous souhaiterions, mais juste qu'il fassent « tourner la boutique » et entretiennent un terrain législatif qui permettra à ces nouveaux systèmes de voir le jour et de croître.
Intéréssant, non ?






Le bulletin de vote que vous glisserez dans l'enveloppe aujourd'hui et dans deux semaines ne révolutionnera certainement pas votre quotidien et il est douteux qu'il trouve une solution miracle aux problèmes structurels aigus dont souffre notre société. Mais en jouant de votre droit de citoyen selon vos intimes convictions, vous contribuerez peut-être à placer à la tête de l'Etat, une personne qui donnera le coup de pouce nécessaires à tous ceux qui sont en train de réinventer notre civilisation dans l'anonymat.

10/04/2012

Le Kaizen des Colibris, l'art d'envisager le changement positif


Il s'appelle Kaizen (rien à voir avec le Kaiser, Kaizen signifie changement positif en Japonais) et il m'a fallu un peu de temps pour le dégoter. Oui, je suis journaliste et les journalistes ont une très vilaine habitude (enfin pas qu'une seule), ils ne paient pas les journaux. Ils les trouvent le matin quand ils arrivent à leur rédaction. Alors quand il faut dénicher un nouveau magazine parce que son sommaire est alléchant et qu'il n'est pas exactement aussi courant que Femme Actuelle (que je ne lis jamais), il faut se faire violence.

Pourtant, après avoir fait chou blanc dans cinq kiosques, une visite providentielle au salon Vivre Autrement au Parc Floral de Paris (une mine, si vous habitez en région parisienne, je vous le recommande pour la prochaine édition) m'a permis de découvrir Kaizen sur un stand de ce salon-caverne d'Ali Baba. S'il est un peu onéreux à mon goût (5,90€), le magazine est beau, la maquette est dynamique. Et le contenu, le plus important, est séduisant. Au menu l'habitat solidaire,la consommation collaborative, mais aussi un décryptage de la révolution citoyenne en Islande et un dossier sur la ville comestible que j'ai trouvé passionnant. On referme le magazine plein d'espoir, en sachant que dans l'hexagone, il y a des gens qui ont envie que les choses changent vraiment, qui font tout pour que ce soit le cas. Et qu'il ne s'agit pas d'un noyau dur d'irréductibles excentriques. Seul bémol, si la partie magazine et reportage est très fournie, les rubriques sont encore trop peu nombreuses. Il faut probablement quelques numéros pour que tout cela se structure.


Une autre bonne nouvelle pour Kaizen en revanche, c'est que le magazine a visiblement su séduire quelques annonceurs ciblés. Bonne nouvelle j'insiste car si la pub, ça fait grincer les dents quand ça devient la composante majeure d'un titre comme dans certains magazine féminins, cela reste le nerf de la guerre. Le numéro un paru en février, a tiré à 25000 exemplaires et on croise les doigts pour ce nouveau venu de la presse magazine. Pour qu'il dure.


Une petite chose que je regrette cependant, c'est que si Kaizen émane des Colibris, le mouvement impulsé par Pierre Rabhi je ne trouve pas qu'un battage énorme lui soit fait au sein du réseau. j'ai appris l'existence de ce magazine grâce à une autre colibri, qui m'avait encouragé à m'inscrire sur le site de socialisation, mais en googlant le nom du magazine, je suis tombée sur le site de la revue qui pour l'instant n'est qu'une page d'abonnement. Là encore, pour mieux se lancer, Kaizen mériterait un vrai site, mais j'imagine qu'il faudrait des moyens pour cela. Et je ne peux pas m'empêcher d'écraser une petite larme en pensant à Shi-Zen, autre magazine au nom d'inspiration japonaise et d'essence féminine, qui malheureusement n'a dansé qu'un été. Espérons que Kaizen connaîtra un meilleur sort.

02/04/2012

Riane Eisler dévoile la vraie richesse des nations


Cela fait maintenant plus de dix ans que j'ai découvert cet auteur atypique au parcours atypique, qui pense de façon atypique et développe des idéologies... atypiques, mais de plus en plus pertinentes avec l'évolution inquiétante de la société dans laquelle nous vivons.

Avant même que les ogres de la finance ne menacent de dévorer les millions de petit Poucet qu'ils voudraient que nous soyons, Riane Eisler s'était penchée sur le rapport entre les sexes et l'influence qu'il avait sur la société dans Le calice et la lame son ouvrage référence. Du nazisme qu'elle a fui avec ses parents avant qu'il ne décime sa famille, cette juriste naturalisée américaine a retenu que l'oppression s'insinuait jusque dans notre intimité, nos cellules familiales et nos rapports avec nous-mêmes, concept qu'elle a largement développé dans Sacred Pleasure, une étude approfondie et ô combien d'actualité sur les règles régissant notre civilisation et le conditionnement qui l'accompagne, d'une société à l'autre.


Au fil de ses ouvrages et de son action communautaire, cette sociologue néo féministe a développé une approche nouvelle de notre condition. Plutôt que d'accepter l'ordre établi et la nature humaine supposée « mauvaise », elle oppose le système de domination -que nous subissons tous à des degrés divers même dans nos « démocraties »- au système de partenariat qu'elle préconise. L'un est basé sur une hiérarchie pyramidale maintenue par la force et favorise les comportements de brutalité et cupidité. L'autre prend racine dans la collaboration efficace entre les individus, le respect de l'autre et s'appuie sur des modèles comme certains pays scandinaves et les meilleures périodes ou facettes de nos démocraties aujourd'hui en grand péril. Dans the power of partnership, un ouvrage plus pratique et orienté sur le développement personnel que ceux cités plus haut, elle jette les bases concrètes des changements à opérer dans nos bonne vieilles habitudes destructrices.

Dans la richesse des Nations enfin, Riane Eisler se penche plus particulièrement sur notre système économique. Elle dénonce la perversion du choix des indicateurs, qui incluent des industries polluantes et la production d'arsenal de guerre dans les PNB des Nations, mais pas les heures passées par les parents à éduquer leurs enfants, la prochaine génération. Elle démontre également que les théories qui dominent actuellement le monde de l'entreprise, pressurer l'outil de production, terroriser les employés, brandir le spectre du chômage, amoindrit la productivité et s'avère à terme un coût pour l'entreprise, notamment en matière d'arrêts maladie.

Avec Riane Eisler et un certain nombre d'autres penseurs et acteurs comme David Korten qui non seulement dénoncent les abus du système mais proposent des alternatives, nous pouvons semer de petits cailloux le long d'une route qui mène à l'épanouissement, le partage, la justice, laissant définitivement derrière nous un système vicié et auto-destructeur dans lequel la majorité d'entre nous a été entraînée contre son gré, pour le seul bien d'une infime minorité.