27/04/2014

Makers sur Seine, un Fab Lab au cœur de Paris

Les Fab Labs (atelier de fabrication en français) sont l'un des phénomènes de notre époque de mutation à grande vitesse. Paris (comme le reste de la France) a pris un peu de retard, mais ces petites structures où artistes et bidouilleurs se croisent sur un fond de haute technologie et qui foisonnent déjà à l'étranger, débarquent enfin dans l'hexagone. Visite – guidée par sa créatrice Sarah Goldberg- de Makers sur Seine d'un des derniers nés, qui a installé son originalité et ses ambitions en plein Marais il y a moins de trois mois.


Art Lab et Open Galerie. Lorsque l'on pousse la porte de Makers sur Seine, on pourrait se croire dans une galerie d'exposition traditionnelle, une vitrine ornée d'objets élégants et un local à la décoration authentique et épurée, qui s'inscrit parfaitement dans l'ambiance chic du quartier. Mais lorsque l'on commence à tourner autour de l'étrange machine cubique qui occupe une place de choix, on finit par se douter qu'il ne s'agit pas de l'oeuvre d'un sculpteur geek et excentrique, mais bien de l'uns des inventions les plus fascinantes de notre monde à haute technologie : l'imprimante 3D.

La 3D révolution selon Makers sur Seine. Venue de l'univers artistique, Sarah Goldberg a rencontré la machine alors qu'elle se désolait de voir "des figurines d'art toys d'artistes extraordinaires rester à l'état de projet". "J'étais convaincue qu'il y avait une solution", ajoute-t-elle. Le lab parisien qu'elle a créé possède donc trois des objets de convoitise et l'un d'entre eux fonctionne même par frittage de poudre: zéro perte de matière, zéro déchet.
Mais si l'imprimante 3D est une composante presque incontournable de ce type d'unité, Makers sur Seine est également équipé en scanner 3D et découpe laser. Le lab permet aussi bien à des particuliers venus profiter des samedis portes ouvertes de faire fabriquer un objet, qu'à des pros d'utiliser ces technologies: artistes plasticiens, joailliers, designers ou architectes font appel à la structure pour fabriquer leurs maquettes et prototypes.


Makers sur Seine en culottes courtes. Le premier fab lab à avoir pignon sur rue à Paris organise également des ateliers pour les enfants, dans lesquels les "makers" en herbes sont initiés à la modélisation 3D sur un logiciel gratuit avant de fabriquer l'objet qu'ils ont créé grâce à l'une des imprimantes 3D. A partir de septembre 2014, le fab lab aura également une antenne dans l'univers scolaire du 4ème arrondissement avec un programme de formation des élèves du primaire à la modélisation 3D. Ce qui est magique pour leurs grands-parents et sujet de curiosité pour leurs parents, sera pour eux, la normalité.



Envie de tester ? La clé de l'objet en 3D, c'est le fichier de modélisation en 3D. Si vous l'avez déjà réalisé, vous pouvez faire fabriquer votre objet à Makers sur Seine. Le prix est calculé en fonction de l'occupation de la machine (0,36€/minute) et au cm3 réalisé (0,5€ le cm3). Si vous n'avez pas de fichier, le prix de l'objet sera fixé en fonction du temps que les "makers" devront passer à le concocter. Mais pour les petits et grands geeks, il existe déjà des logiciels gratuits sur la toile.

Francilien, Francilienne, un fab lab près de chez vous? Grâce à la minutie passionnée de Gaëlle, ma complice pour ce reportage et une "makeuse" bricoleuse et artiste, voici quelques-uns des fabs labs qui s'implantent à toute vitesse dans la région parisienne. A Nanterre, l'electrolab est spécialisé dans l'électronique et le mécanique. La blackbox attend votre visite à la cité des sciences et de l'industrie de la Vilette. A Oberkampf, le petit fab lab de Paris est un repaire de bidouilleurs. Le Faclab est hébergé par l'Université de Cergy-Pontoise. A surveiller également, la nouvelle fabrique, le actlab ou encore fabelier, dans le 4ème.

20/04/2014

En avril, c'est pouponnière et premières plantations extérieures







Vive la biodiversité. Mon espace potager n'est pas immense, à peu près 5m2, mais j'essaie d'y développer un maximum de comestibles différentes. Cette année dans ma pouponnière intérieure, ont grandi successivement de la roquette, des poivrons, puis des tomates, des laitues, des épinards, des aubergines, du basilic et enfin des haricots, des courgettes, des potimarrons et des concombres. Chaque année, je teste quelques espèces supplémentaires (haricots et potimarrons cette année), j'achète de moins en moins de plants et je produis de plus en plus mes propres graines, notamment tomates, roquette et épinards.

Quelques bouquets de basilic
pour planter au pied des tomates
Petite aubergine deviendra grande...
J'y crois!















Les aubergines montrent leur bout de feuille. L'épisode 1 sur mes soucis pour faire pousser les aubergines, c'est ici. Un mois plus tard, ça va beaucoup mieux et j'ai une douzaine de petites pousses de deux espèces différentes. Je ne sais pas si elles arriveront toutes à l'âge adulte, mais autour de moi, une lueur s'est allumée dans les yeux de certains jardiniers amis  : « si t'as quelques pieds en trop... » J'ai toujours des surplus que je distribue, mais d'aubergines, ce serait une première.



Une serre hostile aux limaces. Au printemps 2013, ma mini serre de jardin s'était transformée en buffet à volonté pour limaces. Marc de café, cheveux, coquilles d'oeufs, piscines de bière pour les noyer, j'ai (presque) tout essayé pour les décourager. Mais les voraces baveuses ont pourtant croqué une bonne moitié de mes petits plants de légumes. Cette année, j'ai pris les devants. J'ai disposé une couche de marc de café et une couche de coquilles broyées très fin dans tous les bacs et les petits pots. Tous les deux jours, j'organise une « battue » dans la serre pour déloger ses dames de sous les pots où elles font la sieste et je les dépose à l'autre bout du jardin, même si certains amis jardiniers m'ont fielleusement suggéré de les balancer chez les voisins.



Le premier carré (rectangle) est en place au potager. Le paillis de 2013 qui a protégé mes carrés (rectangles) tout l'hiver, finit de décomposer dans le bac à compost. Une couche de terre végétale et une couche de terreau potager ont recouvert la première parcelle, qui a reçu les pousses de roquette. Et la première volée de semis qui a bien démarré en dépit des nuits très fraîches.


Si l'aventure du potager urbain, ou même du balcon ou rebord de fenêtre comestible vous tente, mais que vous ne savez pas trop par où commencer, vous pouvez rendre une petite visite au potager urbain pour les nul(le)s et à son deuxième volet que j'avais rédigés en 2013.



13/04/2014

Le Fashion Revolution day, c'est bientôt (24 avril)

Save the date. Le 24 avril 2013, ça vous rappelle quelque chose ? C'était il y a bientôt un an que s'effondrait l'immeuble du Rana Plaza à Ohaka au Bangladesh, 1133 travailleurs de l'industrie textile trouvant la mort ce jour-là alors que plus de 2500 étaient blessés. Sinistre date que le mouvement Fashion Revolution a décidé de commémorer en lançant une campagne de sensibilisation mondiale autour de l'éthique de la mode. Pour participer, c'est facile, c'est universel, c'est viral.







Je retourne ma veste. Pour que cette tragédie devienne une prose de conscience, le mouvement Fashion Revolution suggère aux citoyens du monde de retourner un vêtement qu'ils ont l'habitude de porter et de se prendre en photo avec, à l'envers, toutes étiquettes et coutures dehors. Une façon de symboliser la question posée par Fashion Revolution : qui a fabriqué vos vêtements ?


C'est à moi de faire la photo;
avec l'une de mes vestes fétiches.

Le selfie, c'est tellement tendance. Et facile avec les smartphone qui vous cliquent le portrait en un clac. Même Barack Obama le fait (mais avec ses vêtements à l'endroit).  Alors, n'hésitez pas, même (et surtout) si vous êtes la reine des fashionista, oubliez quelques instants votre look (ou lancez-en un nouveau qui déchire) et enfilez votre veste, votre chemisier, tee-shirt ou débardeur à l'envers, avant de vous prendre en photo avec l'étiquette à l'extérieur. Envoyez ensuite le cliché ici:  France@fashionrevolution.org  et/ou faites la circuler sur les réseaux sociaux avec le hashtag #insideout.

En France, on s'y met aussi. Rencontrée à son stand la semaine dernière sur le salon 1,618 sustainable luxury, Cécile Lochard aidait les visiteurs à mettre en scène leur selfie pour que la tragédie du Rana Plaza devienne chaque année, un jour de responsabilité pour l'univers de la mode. « Certaines marques ont été réactives d'autres traînent les pieds", remarque l'auteur du livre  luxe et développement durable, espérant que cette opération pourra « reconnecter le consommateur à toute cette filière de fabrication». « Qu'est-ce qui se cache derrière un tee-shirt à 5€ ? » "Est-ce que l'étiquette de mon vêtement est assez bavarde", interroge-t-elle également. Alors, un petit selfie avant le 24 avril? Et souvenez-vous, chacun et chacune d'entre nous possède une parcelle de pouvoir et la pression du consommateur sur les marques, c'est efficace!

J'ai un peu triché, en faisant appel à un ami photographe pour ces clichés.
Parvenez-vous à distinguer les deux lettres sur l'étiquette?

(Crédits photos: Keiron O'Connor pour Fashion Revolution day 1, 2, Martin Dronne pour les Vergers 3, 4) 




06/04/2014

High Tech low life, ou comment être blogueur citoyen en Chine


Porté par la semaine du développement durable le festival Atmosphères s'achève également dimanche dans les Haut de Seine. Entre repair café, projections diverses et conférence d'Hubert Reeves, la 4ème édition du festival a permis de découvrir ou redécouvrir des documentaires comme High Tech Low Life, un plongeon sans bouée dans la vie de deux Chinois courageux.

Zola et Tiger Temple, deux citoyens lanceurs d'alerte.  Zola Est un jeune blogueur de 27 ans plein d'enthousiasme. Tiger Temple est un journaliste de 57 ans qui a roulé sa bosse. Ils partagent une même nature, celle de lanceurs d'alerte. Entre métropoles et Chine profonde, ils pointent leur objectif sur les crimes dissimulés, interviewent les expropriés de force, les agriculteurs sinistrés et oubliés, tous ses sacrifiés d'une croissance folle que rien ne doit entraver. La toile leur permet de jouer à cache cache avec leurs censeurs.


Stephen Maing, réalisateur infiltré. Zola et Tiger filment ces injustices que la Chine ne veut pas voir, Stephen Maing filme la vie de reporters-blogueur citoyens. L'incursion de ce new-yorkais talentueux - dans le quotidien de deux Chinois, dont les audaces ne sont pas sans péril- est aussi rare que révélatrice. Au fur et à mesure que leur notoriété augmente, la censure gouvernementale renifle les traces de poudre laissées par ces deux gêneurs de l'ordre établi. Heureusement, il y a un épilogue à High tech low life.

Que sont devenus les blogueurs? (attention spoilers) Depuis la sortie du film en 2012, Zola a émigré à Taïwan, d'où il poursuit son action... En toute sérénité. Quant à Tiger Temple il a écrit un livre et à force d'avoir l'objectif de Steve Laing sous le nez et de le voir bosser, il a décidé de tâter du documentaire à son tour. Et pour finir... Mongolia se porte comme un charme. Vous ne connaissez pas encore Mongolia. Il ne vous reste plus qu'à visionner le film.